Mediactivistes

13 décembre 2017 , , , Pas (encore) de commentaires

A ceux qui pensent encore que la création et la diffusion de l’information n’a rien de politique, je recommande la lecture de Mediactivistes, de Dominique Cardon et Fabien Granjon.

Mediactivistes tente de retracer l’influence des mouvements sociaux et politiques sur les médias, de la révolution russe aux printemps arabes en passant par anonymous et Wikileaks. Une histoire politique de la construction et de l’évolution des médias alternatifs, influencée par la technologie.

Il y est question de Lénine, de Marx, du Chili de Salvatore Allende, des radios libres en France des années 80, du contre-sommet de Seattle en 1999 et même de l’Unesco. Je le recommande chaudement à quiconque est impliqué dans une activité de soutien ou de développement média ainsi qu’aux hacktivistes de tout poil car il est aussi question de gouvernance d’Internet, du sommet de l’information de Tunis en 2005 et de la vaste blague qui lui a succédé, l’IGF, de logiciel libre, (les vrais pas l’open source, les free software, free comme freedom, pas comme dans free beer), des printemps arabes, de Wikileaks et de Snowden.

Une histoire des médias alternatifs

Dominique Cardon et Fabien Granjon proposent une histoire des  médias alternatifs des années 60 à nos jours et les organisent en deux grandes familles :

  1. les médias contre hégémonistes, dont le principal objectif et de contester le discours des médias dominants et qui s’apparentent plutôt à des organes de propagande
  2. Les médias expressionnistes, ou médias communautaires, dont la meilleure définition pourrait être celle de Clemencia Rodriguez dans fissures in the mediascape : « médiatiser activement le monde de la vie quotidienne, c’est, dans cette perspective, rendre du pouvoir aux individus et en faire des citoyens ».

Medium is the message

Ces médias alternatifs (contre hégémonistes ou expressionnistes) ont été largement influencés par l’arrivée d’Internet. Medium is the message comme dirait l’autre. En gros, les tuyaux et la techno ont influencé les modes de diffusion de l’information et les modes d’action des activistes des médias. Selon Cardon et Granjeon, le médiactivisme contemporain se caractérise désormais par trois tendances fortes :

  1. le développement de mobilisation informationnelles par le bas, exemple : les printemps arabes
  2. la revendication de transparence, dont Wikileaks fut le parangon avant de tomber dans les abîmes de la nullité et de la médiocrité (ça c'est moi qui le dit),
  3. La mise en avant d'un nouveau répertoire de "guérilla numérique" dont les anonymous sont un exemple parlant

À la lecture de ce livre il semble essentiel pour toute organisation de soutien média de faire une large place dans son mandat :

  • aux citoyens blogueurs ou twittos, qui pallient à l'absence de médias dans les pays autoritaires et remplissent une mission d'information ;
  • à toute initiative favorisant la transparence (projets open data, lanceurs d'alerte, etc.).

Une saine lecture pour RSF et consorts : Médiactivisme, de Dominique Cardon et Fabien Granjon.

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