« Google Doc is the new Frigidaire »

25 février 2017 , , , Pas (encore) de commentaires
Todd F, The King of Fridges, image sous licence CC
Pour Xavier Delaporte, dans un Google doc, un texte écrit collaborativement à 4 mains ou 6 ou 8, on ne sait plus qui a écrit quoi. Cette pratique collaborative oblige les auteurs à créer et adopter de nouvelles idées partagées. Il s’en explique ainsi :

(…) Ce qui est fertile politiquement dans ce modèle, c’est qu’il produit l’effet inverse de la notion de consensus, qui repose en général le plus petit dénominateur commun, sur ce qui reste quand on a retiré les dissensus. Le fait d’écrire ensemble, en même temps, produit l’effet exactement inverse, il produit la construction, la nécessité de faire tenir ensemble, l’amélioration continuelle. Et il permet à chacun de le faire à hauteur de ses compétences, de son investissement, et ceci en toute transparence. C’est un modèle où l’humble qui déplace une virgule est autant important que celui qui a l’écriture facile. Et c’est beau.

Source : Du Google Docs comme modèle politique

Entièrement d’accord avec ça.

Sauf que

C’est quand même faire beaucoup d’honneur à Google que de lui octroyer la paternité de cette pratique. Certes Xavier Delaporte explique qu’il existe des alternatives et que Google doc n’est qu’un raccourci sémantique pour écrire « outil collaboratif », tout comme on utilise aujourd’hui le mot Frigidaire pour désigner l’objet réfrigérateur.

Rendons à César ce qui n’appartient  pas à Google : les outils d’écriture collaborative en ligne existent depuis bien longtemps, dans les années 2000, on appelait ça des wiki. De très beaux projets ont émergés grâce à ces outils et ces nouvelles pratiques. Wikipédia est l’un d’eux. Certes Google a démocratisé les pratiques d’écriture collaborative grâce  à la diffusion l’imposition de ses outils [1]. Mais à quel prix ? Centralisation, flicage des données, imposition d’un outil unique, abaissement général du niveau de la littératie numérique (« Google c’est l’Internet »).

Plutôt que « Du Google Docs comme modèle politique », j’aurais préféré « Du wiki comme modèle politique » ou « L’écriture collaborative comme modèle politique ». Certes comme titre, ça claque un peu moins, mais ça ne fait pas de Google le nouveau frigidaire ni le nouveau bienfaiteur de l’humanité. Google est une entreprise privée, qui dispose d’un pouvoir financier, technique et symbolique énorme. Pas un gentil fabricant d’électroménager. Ni l’instigateur d’une nouvelle forme de démocratie. Un rappel s’impose.

  1. Google n’a même pas « inventé » Google Doc puisqu’ils ont racheté le produit writely en  2009 pour le faire évoluer en Google Doc.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.