Atelier sécurité numérique à Visa Pour l’image

9 septembre 2013 , , , 2 commentaires
Je continue ici la série de billets et de débat sur le chiffrement, les internets et les journalistes avec une petit anecdote personnelle. C’est mon blog ici après tout, il faut bien que je raconte des histoires personnelles.

Visa pour l'image, les sponsors

La semaine dernière, dans le cadre de mon activité chez RSF, j’animais en compagnie l’ami fo0 un atelier sur la sécurité numérique au festival international de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’image. C’était plutôt une conférence qu’un atelier : la salle où devait se dérouler ledit atelier avait une contenance de plus de 500 personnes. Impossible dans cette configuration de manipuler les ordinateurs et d’installer des logiciels dessus. L’autre problème était qu’on ne pouvait pas savoir à quel public nous aurions affaire. Débutants, confirmés, curieux, experts… Nous avons donc pensé la présentation plutôt comme une introduction à la sécurité numérique agrémentée de quelques démonstrations live, que nous n’avons malheureusement pu toutes lancer par manque de temps et par peur de mettre à plat le réseau wifi du festival.

Y’a quelqu’un ?

Nous somme arrivés une demi heure en avance, le temps d’installer les différents ordinateurs – rien de plus stressant dans une conférence qu’une présentation qui ne se lance pas, une démo qui foire à cause d’un problème de connexion ou des sourires amusés dans le public pour cause de braguette ouverte. La présentation devait commencer à 15h00. 14h55, la salle était encore presque vide. 15h00, quelques personnes assises ici et là. À 15h05 je dénombrais environ 60 personnes… dans une salle qui pouvait en contenir dix fois plus. Nous entamons la conférence avec une salle aux trois quarts vide. La présentation se passe bien, séance de questions à la fin, échange informels avec ceux qui sont restés, bref, bons retours. Mais trop peu de monde. Trop peu de journalistes.

Visa pour l’image est l’un des plus gros festival de photo journalisme au monde. C’est l’endroit où aller lorsqu’on est grands reporters et qu’on cherche des agences à qui vendre ses photos. Grand reporter, cela signifie travailler sur des terrains difficiles. Parmi les photos exposées dans les nombreuses galeries qui fleurissent à Perpignan pendant le festival il y en avait quelques unes sur le Pakistan, la Syrie, la RDC, etc. Des terrains très difficiles où les communications et la protection des données revêtent une importance capitale. Et pourtant, il n’y avait qu’une soixantaine de personnes dans la salle.

Le peu de monde ayant assisté  à cette conférence est un baromètre éclairant de l’intérêt des journalistes autour des questions relatives à la protection des données. Aujourd’hui, ils s’y intéressent trop peu. Je ne blâme pas la profession. Peut-être le mot sécurité est-il trop effrayant. Peut-être faudrait-il enseigner la sécurité numérique dans les écoles de journalisme et dans le cadre de formations continues. Peut-être faudrait-il capter tous les mots de passe qui trainent sur un wifi dans un festival tel que celui-là et les diffuser sur un écran à l’entrée pour provoquer une prise de conscience au risque d’avoir quelques problèmes avec la justice. Peut-être faudrait-il qu’un lanceur d’alerte diffuse des documents expliquant avec quelle facilité les agences de renseignement de tout poil et spécialement celles situées outre atlantique et outre manche peuvent intercepter emails, chats, surf, etc. Ah non, déjà fait.

Spread the world

En tout cas, on fera mieux la prochaine fois. Car prochaine fois il y aura. S’il n’y avait pas grand monde à Perpignan, espérons qu’il y aura plus de monde au festival de Bayeux, en octobre prochain, où Reporters sans frontières anime un autre atelier sur la sécurité numérique. Justement, en attendant cette prochaine fois. La présentation de Reporters sans frontières à Visa pour l’image est à disposition sous licence Creative Commons, pour ceux qui souhaiteraient la traduire, l’améliorer, la diffuser ou l’afficher sur leur cheminée. On est plus intelligents à plusieurs alors n’hésitez pas. Elle est également disponible sur mon github.

Atlier RSF sur la sécurité numérique

No trolls

Je coupe court tout de suite aux éventuels trolls qui, suite aux dernières révélations de Snowden selon lesquelles la NSA et le GHCQ auraient cassé de nombreux moyens de chiffrement en ligne, penseraient qu’évangéliser et former les journalistes à la sécurité numérique est inutile car il serait déjà trop tard, chiffrer et protéger ses données n’est pas inutile et ne le sera jamais. Quelques soit la technologie utilisée, dans le pire des cas, vous gagnerez toujours un peu temps. Dans le meilleur des cas, si vous savez vraiment protéger vos données avec par exemple des outils qui ne sont pas sous le contrôle de grosses sociétés situées sur le sol américain, testés et éprouvés par quelques cyber punks experts en sécurité, vous gagnerez énormément de temps. Plusieurs années. Je rappelle pour les plus paranos d’entre nous que tout le monde n’est pas la cible des agences de renseignement américaines, fort heureusement.

images by @fo0_ et @mickou

Réagissez

Si ce billet vous a plu ou si vous voulez apporter des précisions, ou si vous n’êtes pas d’accord avec ce que je raconte, c’est ici qu’il faut vous manifester. Je me réserve toutefois le droit de supprimer toute contribution insultante ou qui n’aurait rien à voir avec la choucroute.

  1. Intéressant!
    Il faut dire que depuis #MondoblogDakar, c’est seulement en ce mois d’Août, que je me suis vraiment appesanti sur le chiffrement de données, GPG, Axcrypt et autres… Quelques astuces pour mobile et je crois que c’est bon…
    Encore merci, Greg!

  2. C’était un plaisir Aphtal. Tu sais où me trouver si besoin !

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