Emmanuel Todd sur la démagogie de Sarkozy et la naïveté des journalistes politiques

18 mars 2012 , , , Pas (encore) de commentaires
Emmanuel Todd, historien, démographe, essayiste, a toujours quelque chose d’intéressant à raconter. Invité de BFM TV pour commenter le discours de Villepinte,  il raille les prises de position de Sarkozy sur le protectionnisme que ce dernier n’a jamais appliqué en 5 ans et qu’il présente aujourd’hui comme solution à la crise. Au passage, il aligne également les journalistes et leur naïveté quant aux promesses électorales des candidats.

Emmanuel Todd  rappelle qu’à la fondation du 2 mars, un association politico-intellectuelle anti-maastrichtienne, alors qu’il défendait une forme de protectionnisme européen, le principal opposant à ses idées n’était autre que Henri Guaino, aujourd’hui conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Il dénonce donc le grossier mensonge, le populisme, la démagogie, l’insulte faite à la démocratie du discours de Villepinte.

Sarkozy n’est pas le seul à en prendre pour son grade. Devant la naïveté de la remarque de Ruth Elkrief qui lui répond en gros : mais je ne comprends pas, si il le dit, c’est qu’il va le faire ! Todd se met à critiquer le manque de lucidité des journalistes :

7’26 » Emmanuel Todd
Les copains de Sarkozy n’ont vraiment pas intérêt au protectionnisme. Les gens d’argent on t tout intérêt à ce que ça reste comme maintenant.

7’30 » Ruth Elkrief :
Il a donc du mérite à aller contre leur opinion et àa parler aux couche populaires

7’45 » Emmanuel Todd :
Les journalistes parlent, comme si les discours électoraux étaient la réalité politique à l’arrivée. On est avant une élection alors pendant 2 mois on a le droit de raconter n’importer quoi pour faire plaisir aux gens qui  vont voter. Mais ça c’est du populisme, de la démagogie, c’est une insulte à l’idée même de démocratie

Lorsque Ruth Elkreif le relance sur la chasse aux exilés fiscaux annoncée par Nicolas Sarkozy [1], Emmanuel Todd rappelle à Ruth Elkrief que un peu de mémoire et de lucidité ne seraient pas des accessoires superflus dans la trousse à outils du journaliste politique :

9’50 » Emmanuel Todd :
Mais c’est je jour des fous : c’est des types auxquels il a consenti des avantages pendant 5 ans. Comment est-ce que les journalistes peuvent prendre ça au sérieux.

Dernier coup de griffe de Todd à destination des journalistes, à propos des sondages cette fois :

11’55 » Emmanuel Todd :
Si vraiment les journalistes analysaient sérieusement les sondages d’opinion, chaque fois ils devraient dire non pas simplement  le nom de l’institut de sondage mais nous dire à qui il appartient. Parce que ce sont des sociétés de droit privés qui appartiennent à des gens dont certains sont des copains de tel ou tel candidat.

Après un quinquennat catastrophique qui a vu passer le taux de chômage en France de 8,5% à 10%, la dette augmenter de 467 milliards d’euros, le nombre de SDF rester inchangé [2] … pas besoin d’être historien pour rappeler aux électeurs que l’adage les promesses n’engagent que ceux qui y croient n’a jamais été autant d’actualité.

  1. Sarko Ché déclaré lundi qu’ils seraient contraints de verser au fisc français la différence entre les impôts sur le patrimoine dont ils s’acquittent à l’étranger et ceux qu’ils auraient versés s’ils étaient restés dans l’Hexagone.
  2. Contrairement à la déclaration de 2007 : « Je veux que, d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine! »

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