Stéphane Guillon et Didier Porte, les tyrans de la radio
29 janvier 2011 3 commentairesMise à jour suite : plus d’infos sur la décision du conseil des prud’hommes dans l’affaire Guillon.
Stéphane Guillon et Didier Porte étaient deux humoristes assez gratte poil avec le gouvernement et notre président. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, les présidents de France télévision et Radio France sont nommés directement par l’Elysée [1]. De là à dire que ces licenciements ont été avant tout motivés par une décision politique, il n’y a qu’un pas que je m’empresse de franchir allègrement.
Porte est grossier
Que reproche t-ton à Porte ? Si son licenciement n’est pas motivé par des raisons purement politiques (marre d’avoir un gars qui tape sur le pouvoir à une heure de grande écoute) pourquoi a t-il été renvoyé ? Apparemment c ‘est à cause de sa grossièreté. Lors de sa chronique sur Villepin, il a effectivement un peu franchi la ligne : il mettait en scène un Dominique de Villepin atteint du syndrome de la tourette hurlant dans sa voiture « j’encule Sarkozy ». Un peu osé et moyennement drôle. Ceci dit en cela, il ne faisait que s’adapter à l’exemple donné plus haut par le patron de son patron, Nicolas Sarkozy. En effet, celui-ci n’a t-il pas insulté l’un des ses administrés au salon de l’agriculture avec cette phrase désormais culte : cassse-toi pov’ con
? De même, notre ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale n’a t-il pas adopté le même mode d’expression un peu viril pour chambrer des journalistes aux Universités d’été de l’UMP en leur décochant un bon vieux doigt d’honneur ?
Guillon est méchant
Et Guillon, on lui reproche quoi ? Il a été viré parce qu’il tapait trop sur le gouvernement en place ? Mais non, t’es fou toi, on est en démocratie, on a des médias indépendants. Guillon s’est fait virer parce qu’il a critiqué le physique d’Eric Besson [2]. Étonnant de renvoyer un humoriste parce qu’il fait preuve d’irrévérence. Il est d’ailleurs tout aussi étonnant que les attaques sur le physique soient considérées comme intolérables alors même qu’au plus haut niveau de l’Etat, notre ministre du Travail, des Relation Sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, Brice Hortefeux, s’offre le luxe de faire des blagues racistes [3].
Les justifications de Jean-Luc Hesse
On ne vire pas un humoriste parce qu’il est irrespectueux ou grossier. C’est le rôle d’un humoriste que de forcer le trait. Mais allez, soyons sports : supposons un instant que Porte et Guillon n’aient pas étés renvoyés pour des motifs politiques mais bel et bien parce qu’ils étaient trop grossiers et vraiment très très méchants. Supposons que Jean Luc Hesse ait pris cette décision en son âme et conscience, en accord avec son moi intérieur, et imaginons que malgré sa nomination à la tête de Radio France par Nicolas Sarkozy, Hess ne se sente absolument pas redevable de quoi que ce soit envers notre président. Hess, est indépendant, c’est un rock, c’est un cap, une péninsule, droit dans ses bottes, fier comme un poux, Hess c’est un peu le Jean Moulin de la radio. Donc Hess ne cède à aucune pression et renvoie Porte et Guillon. Ses raisons, il s’en explique dans une interview donnée au monde dont voici un extrait :
La saison de France Inter a été ponctuée par les polémiques autour des chroniques de Stéphane Guillon et, dernièrement, de Didier Porte. Les auditeurs les retrouveront-ils dans la nouvelle matinale de septembre ?
Non, car je ne m’appelle pas Raymond Domenech ! J’ai eu de nombreuses discussions avec M. Guillon à propos de ses chroniques. Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais aussi pour moi. Quel patron d’une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner ? J’ai un certain sens de l’honneur ; je ne peux accepter que l’on me crache dessus en direct.
L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans. Je prends cette décision non pas sur une quelconque pression politique mais en m’appuyant sur des valeurs minimales d’éducation et de service public. Je considère que cette tranche d’humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle, dont je ne m’accommode pas. Il n’y aura pas de changement d’horaire ni de remplaçants. Ce qui ne fait pas rire à 7 h 55 ne me fera pas plus rire à 3 heures du matin. Je sais qu’en prenant cette décision il y a un risque. Mais j’assume !
Là, Jean Luc il met ses couilles sur la table. Attend là ho, faut pas déconner, je suis pas Domenech, je suis pas une fiotte moi. L’autre fils de pute de sa race il m’a insulté alors je le vire. Non mais oh quoi. Il se croit où ? Dans une radio du service publique ? Non mon pote. Ici on est dans la jungle. C’est celui qui la plus grosse qui gagne. Moi mon salarié il me critique, je le dégage et puis c’est marre.
On nage en plein délire Depuis quand renvoie-ton quelqu’un comme ça ? Dans une entreprise, lorsqu’un salarié insulte un autre salarié, avant de le renvoyer, on discute, on essaye de savoir ce qui s’est passé, on règle le problème entre gens civilisés. Il y a une sanction qui se traduit souvent par un blâme. Et si ça se reproduit, on rediscute, on reblâme et on met fin à la collaboration pour faute grave ou incompatibilité d’humeur ou que sais-je encore. Mais tout ça est encadré par le droit du travail. Ca ne se joue pas à qui a la plus grosse.
Enfin pour ce qui est de la misère intellectuelle, si on vire Guillon de Radio France, je ne vois pas pourquoi pourquoi bordel de bordel mais pourquoi on a laissé si longtemps Bernard Montiel sévir sur TF1 avec vidéo gag ! Et pourquoi Laurence Ferrari présente t-elle toujours le journal après son interview condescendante d’Ahmaninedjad le président iranien qui est pas si méchant finalement parce que les émeutes et tout ça c’était pas si grave ?
Bon bha Jean-Luc, assume. Moi je n’écouterai plus ta radio de con. Demorand parti, Guillon et Porte virés, la différence et l’impertinence n’y sont plus. C’est ça que j’appréciais. Mais c’est parce que je suis un dangereux bolchévique gauchiste, comme les 1,5 millions d’auditeurs de la matinale de France Inter.
Si toi aussi tu es un dangereux bolchévique amateur des chroniques de Didier Porte, sache camarade que ce dernier a trouvé un nouvel endroit où s’exprimer, un endroit qui n’est pas encore trop sous la coupe de notre gouvernement : l’internet. Porte sévit dorénavant sur arrêt sur images, tous les jeudis à 7h53.
- Pour être exact, les présidents de Radio France et France Télévision sont nommés sur proposition du Président de la République. Si 3/5 des députés s’y opposent, les candidatures sont rejetées – autant dire que ça ne risque pas d’arriver de si tôt. Ca vous choque pas ce genre de procédure dans une démocratie ?.
- En fait c’était un peu plus que ça. Guillon faisait passer dans sa chronique Besson pour un agnt double à la solde du FN. C’était suite aux dernières régionales et au très bons score obtenu par le FN, score que Guillon attribuait au fiasco du débat sur l’Identité Nationale, débat initié par Besson. Dans sa chronique il disait que Eric Besson avait
des yeux de fouine et un menton fuyant
. Juste après la chronique Besson était l’invité de la matinale de France Inter. Il a répondu en direct à Guillon, non pas sur le fond mais sur la forme. L’affaire a fait pas mal parler, Besson a même demandé un face à face avec Guillon pour lui répondre. L’angle d’attaque de Besson ne sera jamais le fond de la chronique et éventuellement la défense de son débat sur l’identité nationale (indéfendable de toute façon) mais plutôt le fait qu’il est intolérable de s’en prendre au physique. - « Blague » pour laquelle il a été condamné par la justice à 750 € d’amende et 2000 € de dommages et intérêts.
Stéphane Guillon et Didier Porte, les tyrans de la radio http://j.mp/b0ltoW <- du beau, du bon, du @barbayellow !
ah bon…ils sont humoristes ?
Oh !! Un troll UMPiste ! Paul, tu es mon premier troll. Ca me fait plaisir de te recevoir ici. Reviens quand tu veux.