Enseigner le numérique à l’école
26 mars 2016 14 commentaires
Le problème est posé est le suivant : les enfants, jeunes, lycéens, étudiants, sont confrontés au quotidien à l’utilisation des outils numériques. Comprendre leur fonctionnement est donc un atout. Et pour ce faire, on va leur apprendre à coder. Vrai problème, mauvaise solution, qui équivaut à peu près à enseigner les lois de la thermodynamique pour sensibiliser aux conséquences du réchauffement climatique.
Critiquer c’est facile, t’es bien gentil là à dire que ce qu’on fait c’est de la merde
me répondrait notre ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem, mais qu’est ce que tu proposes si t’es si malin ?
Déjà, oui tu fais de la merde Najat en déléguant à une société privée l’accompagnement des profs sur ces sujets, et ensuite je suis pas si malin mais je connais des gens qui sont eux très malins et qui ont mené des expérimentations et réflexions dont ton ministère et plus largement toutes les structures qui prétendent travailler sur l’initiation aux enjeux du numérique feraient bien de s’inspirer.
Lire écrire publier
Sur son blog Infodocbib, Franck Cario nous raconte une expérience d’initiation à la littératie numérique concrète et intelligente. Plutôt que de paraphraser, je le cite in extenso :
Jean Michel Le Baut, professeur de français au lycée de l’Iroise à Brest, (…) révolutionne son enseignement avec des livres qui sont enrichis… par ses élèves (…).
Il a observé que ces derniers passent leur temps à « lire-écrire-publier » sur la toile. Il a décidé de tirer parti de cette appétence en la transformant en compétences, avec des projets plus inventifs les uns que les autres, dont il nous a présenté un éventail.
Parmi ces projets (et je vous invite à consulter la liste complète sur Infodocbib) :
- ivoix, un blog de lecture et de littérature tenu par des élèves de première ;
- Gargantua magazine, un magazine de presse parodique multimédia ;
- anywhere in the world, exercice de cartographie poétique : les élèves devaient choisir un endroit sur google Maps et composer un poême à partir du nom de la ville, du quartier ou du pays choisi. La carte résultante est accessible sur Google Maps. Superbe projet. Réalisé sur open surfer l’appel, il aurait été parfait
Tous ces projets ont pour point commun la réappropriation d’outils de publication dans le cadre d’activité créatrice.
Et si on enseignait vraiment le numérique ?
Et si la littératie numérique c’était aussi simple que ça : savoir lire, écrire, créer, publier, partager et remixer ? C’est en tout cas le point de vue d’Olivier Ertzscheid, maître de conférences à l’université de Nantes.
Dans une tribune dans le monde du 3 avril 2012 – qui date un peu mais toujours d’actualité – il rappelle à quel point le web tel qu’on le connaît aujourd’hui est éloigné des utopies qui ont présidé à sa création. Le web (je dis bien le web et pas Internet, le web étant limité aux sites web par opposition à Internet qui est l’ensemble des réseaux publics connectés les aux aux autres) est devenu :
un monde fermé, propriété, contrôlé par le marketing, régi par un carcan de normes arbitraires, de lois liberticides et de technologies « privatives ». Un monde hyperterritorialisé sous le contrôle de quelques multinationales.
La plupart des outils de publication « mainstream » sont désormais aux mains de quelques multinationales, Apple, Facebook, Twitter, Google, et ces géants du net décident seuls des règles qui s’appliquent sur leurs plate-forme. Ainsi le moindre sein découvert sur Facebook est considéré comme de la pornographie et aussitôt retiré.
Olivier Ersched explique que face à cette situation, plutôt que d’apprendre à coder et adopter une approche par compétence, l’école, le collège et le lycée et doivent être les garants de la citoyenneté numérique et intégrer l’acte de publication au coeur des enseignements numériques :
Enseigner l’activité de publication et en faire le pivot de l’apprentissage de l’ensemble des savoirs et des connaissances. Avec la même importance et le même soin que l’on prend, dès le cours préparatoire, à enseigner la lecture et l’écriture. Apprendre à renseigner et à documenter l’activité de publication dans son contexte, dans différents environnements. Comprendre enfin que l’impossibilité de maîtriser un « savoir publier », sera demain un obstacle et une inégalité aussi clivante que l’est aujourd’hui celle de la non-maîtrise de la lecture et de l’écriture, un nouvel analphabétisme numérique hélas déjà observable.
Enseigner la littératie numérique
Plutôt que de décerner un certificats informatiques et internet », plutôt que d’apprendre un peu sèchement un langage de programmation, peut-être serait-il plus intéressant d’organiser des journée de publication wikipedia en histoire, des ateliers de cartographie openstreetmap en géographie, s’inspirer des expérimentations de Jean Michel Le Baut en français… Réfléchir à des activité de publication créatives, encadrées et associées aux matières déjà enseignées. Bref, intégrer le numérique au coeur de l’enseignement et non l’enseigner comme une matière à part. Pigé Najat ?
Littératie numérique https://t.co/k3RV8f2Mku
Littératie numérique https://t.co/aDXhNeBTlK
Littératie numérique https://t.co/BtEW6m8vqA
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